Mercredi 8 juillet à Paris, une manifestation intersyndicale a rassemblé plusieurs centaines de salariés de Nokia Alcatel-Lucent. Ils protestent contre un PSE visant la suppression de 1 200 emplois, beaucoup estimant que le groupe finlandais veut délocaliser la R&D française. Le Micro Social, le podcast d'actuEL-CSE, donne la parole aux élus CSE, aux délégués syndicaux et aux salariés.
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
"Nokia existe encore ?" s'interrogeront certains en passant aux déjà très vieux téléphones mobiles de cette marque. Oui, l'entreprise, qui a racheté Alcatel-Lucent en 2016, est plus que jamais présente dans les télécoms, non pas dans la fabrication de mobiles, mais dans la conception et le développement de systèmes de communication. Un secteur que d'aucuns considèrent d'ailleurs comme stratégique, au regard aux ambitions de la Chine dans le réseau 5G. En dépit de ces enjeux et de ce positionnement, l'entreprise entend supprimer 1 200 emplois en France, ce qui fait dire aux salariés, élus de CSE et délégués syndicaux qui défilaient à Paris, de Montparnasse aux Invalides, et auxquels nous donnons la parole dans notre reportage audio, que le groupe entend sacrifier la R&D française et délocaliser des activités, notamment en Pologne et en Finlande.

Pour tenter d'infléchir les choix de l'entreprise, élus du personnel et délégués syndicaux ont pu compter hier sur une importante mobilisation, jamais vue dans la société selon ce syndicaliste : "Habituellement, c'est nous qui devons mobiliser les salariés pour bouger. Là, au contraire, ils se sont organisés et sont venus nous trouver pour participer à la manifestation", certains venant en train ou en car. Comme ce jeune ingénieur, embauché par Nokia il y a trois ans à la sortie de son école, et qui a connu là sa première manifestation, venu plus par soutien aux autres salariés que par peur de son avenir, nous a-t-il confié. De très nombreux salariés sont eux non seulement inquiets pour leur emploi mais aussi scandalisés par l'attitude de l'entreprise, soulignent le secrétaire du CSE Central, Philippe Bénis (CFDT), et le représentant syndical CGT au CSE de Paris Saclay, Jérôme Fouletier, alors que le personnel n'a pas démérité pendant la période de confinement et de crise sanitaire. Des sites comme Lannion sont directement menacés.

Élus et syndicats, qui ont pu compter hier sur la venue de Laurent Berger (CFDT), de Philippe Martinez (CGT) et de François Hommeril (CFE-CGC), espèrent médiatiser ce conflit social pour faire plier l'entreprise, qui, selon eux, n'aime guère que sa marque Nokia soit éclaboussée, elle qui préfère avancer le nom d'Alcatel-Lucent dans la procédure de PSE qui vient de s'enclencher dans les CSE. Les salariés comptent aussi sur le gouvernement, et notamment sur Bercy, pour que l'Etat rappelle à ce groupe les engagements pris lors du rachat en 2018 par le finlandais d'Alcatel-Lucent, des engagements sur le maintien de l'emploi non tenus selon les syndicats, mais le groupe n'est plus tenu depuis juin par ces engagements. Le gouvernement doit aussi conduire une réflexion sur la conditionnalité des aides telles que le Crédit d'impôt recherche dont bénéficient les entreprises, appuie Gabriel Artero, le président de la fédération métallurgie de la CFE-CGC.
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